Cristaux quartz amplificateur universel
 
 
 Des nouvelles des cristaux, des pierres, des minéraux du monde ... par la science, l'économie, la lithothérapie, la Spiritualité ou les pratiques énergétiques.
 

La Table d'Émeraude : entre Alchimie Magie et Spiritualité

17 Juillet 2025 | Par Hermes Trismegistus | Pierres et Spiritualité

La Table d'Émeraude : entre Alchimie Magie et Spiritualité

  

La Table d'Émeraude : origines historiques


Vue d'ensemble et contexte historique

La Table d'Émeraude (Tabula Smaragdina en latin) constitue l'un des textes les plus influents et énigmatiques de la littérature hermétique occidentale. Ce texte cryptique et compact, attribué traditionnellement à la figure légendaire d'Hermès Trismégiste, a exercé une influence considérable sur la pensée alchimique, philosophique et ésotérique pendant plus d'un millénaire. Contrairement aux croyances populaires concernant son antiquité égyptienne, les recherches académiques modernes ont établi que les plus anciennes versions documentées remontent aux manuscrits arabes du VIIIe-IXe siècle de notre ère.

Qui est Hermès Trismégiste appelé Hermes Trismegistus ?

L’œuvre la plus célèbre attribuée à Hermès est La Table d’Émeraude, un texte cryptique, très court, résumant les fondements de l’alchimie. Sa maxime centrale :

 "Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas", illustre le principe de correspondance entre le macrocosme (l’univers) et le microcosme (l’homme), qui est la clé de voûte de la pensée hermétique et alchimique.

Hermès Trismégiste, figure mythique fusionnant le dieu grec Hermès et l'égyptien Thot, est le père légendaire de l'hermétisme et de l'alchimie. Considéré comme l'auteur présumé du Corpus Hermeticum (textes philosophico-mystiques des premiers siècles de notre ère), il incarne l'hermétisme, une tradition mêlant mysticisme, alchimie, astrologie et philosophie. Considéré par les alchimistes comme le détenteur des secrets de la pierre philosophale , transmutation des métaux et recherche de l'immortalité, son enseignement mêle transformation matérielle et purification spirituelle, influençant autant les pratiques magiques médiévales que l'ésotérisme de la Renaissance et des courants initiatiques modernes. Son héritage, à la fois philosophique, alchimique et spirituel, fait de lui une figure centrale des traditions mystiques occidentales et orientales.  

 

Extrait du

Les premiers livres du "Corpus Hermeticum", attribué par la tradition à Hermès Trismégiste, sont donnés ici sous le titre du premier traité, Pimandre (gr. Poimandrès)
Jamblicus De mysteriis Aegyptiorum, Chaldeorum, Assyriorum : Proclus In Platonicum Alcibiadem de anima, atque daemone ; idem De sacrificio & magia. Porphyrius De divinis atq. daemonibus. Psellus De daemonibus. Mercurii Trismegisti Pimander ; ejusdem Asclepius date de publication 1607. https://www.e-rara.ch/gep_r/content/titleinfo/16014760


Analyses et authenticité de La Table d'Émeraude


Analyse philologique du titre de la tablette

L'appellation Tabula Smaragdina provient directement du latin médiéval, où tabula désigne une tablette ou une plaque d'inscription, tandis que smaragdina dérive de smaragdus, lui-même emprunté au grec ancien σμάραγδος (smáragdos). Cette racine grecque trouve ses origines dans les langues sémitiques, probablement l'araméen barqet ou l'hébreu bareqeth, signifiant littéralement « pierre verte » ou « gemme brillante ».
La version arabe du titre, Lawḥ al-Zumurrudh (لَوْح الزُّمُرُّذ), utilise le terme lawḥ pour désigner une tablette d'écriture, couramment employé dans les textes coraniques, et zumurrudh pour l'émeraude, terme dérivé du persan zamarrud. Cette convergence terminologique révèle les échanges culturels complexes entre les traditions grecque, arabe et persane dans la transmission du texte.


Les découvertes de Julius Ruska et Eric Holmyard

Les recherches académiques modernes sur la Table d'Émeraude doivent leurs fondements aux travaux pionniers de l'orientaliste allemand Julius Ruska (1867-1949) et de l'historien britannique Eric John Holmyard (1891-1959). Ces chercheurs ont révolutionné la compréhension du texte en identifiant ses véritables sources arabes, réfutant définitivement les allégations d'origine antique égyptienne ou grecque.
Ruska, dans son ouvrage magistral "Tabula Smaragdina : Ein Beitrag zur Geschichte der hermetischen Literatur" (1926), a démontré que les plus anciennes versions latines médiévales dérivaient de traductions d'originaux arabes. Son analyse philologique minutieuse a établi la chronologie réelle de transmission du texte, depuis les manuscrits arabes du IXe siècle jusqu'aux versions latines du XIIe siècle.
Holmyard, de son côté, a identifié une version arabe précoce dans le Kitāb Ustuquss al-Uss al-Thānī (Le Second Livre des Éléments de Fondation) attribué à Jābir ibn Hayyān (VIIIe siècle), fournissant ainsi un terminus ante quem crucial pour la datation du texte.



Tous les textes originaux et traductions dans leurs langues d'origines


Première version arabe primitive : Kitāb Sirr al-Khalīqa

Le texte arabe original, tel qu'il apparaît dans le Kitāb Sirr al-Khalīqa, présente la formulation la plus ancienne connue de la Table d'Émeraude.

 

Rare extrait du manuscrit Manuscrit Kitāb Sirr al-Khalīqa sir-al-asrar

Extrait très rare du manuscrit du Kitāb Sirr al-Khalīqa sir-al-asrar tiré du Livre du Secret de la Création et de l'Art de la Nature VIIIème siècle.

 

La version la plus ancienne documentée de la Table d'Émeraude apparaît dans le Kitāb Sirr al-Khalīqa wa-Ṣan'at al-Ṭabī'a (Livre du Secret de la Création et de l'Art de la Nature), également connu sous le nom de Kitāb Balīnūs al-Ḥakīm fī'l-'Ilal (Livre de Balīnūs le Sage sur les Causes). Ce traité, attribué au pseudo-Apollonius de Tyane (Balīnūs en arabe), constitue une synthèse de cosmogonie néoplatonicienne et de théories alchimiques primitives.
Les manuscrits les plus anciens de cette œuvre remontent au IXe siècle, bien que la composition originale puisse dater de la fin du VIIIe siècle, pendant le califat d'al-Ma'mūn (813-833). Le texte présente la Table d'Émeraude dans un cadre narratif où Balīnūs découvre le texte gravé sur une tablette d'émeraude dans une crypte souterraine, entre les mains d'un vieillard assis sur un trône d'or.

Voici le texte arabe avec sa translittération :

حقٌّ لا شكَّ فيه صَحيح، إنّ الأعلى من الأسفل والأسفل من الأعلى، عمل العجائب من واحد كما كانت الأشياء كلّها من واحد بتدبير واحد، أبوه الشمس، أُمّه القمر، حملته الريح في بطنها، غذته الأرض، أبو الطِّلسمات، خازن العجائب، كامل القوى، نار صارت أرضاً ٱعزِل الأرض من النار، اللطيف أكرم من الغليظ، برِفق وحُكم يصعد من الأرض إلى السماء وينزل إلى الأرض من السماء، وفيه قُوّة الأعلى والأسفل، لأنّ معه نور الأنوار فلذلك تهرب منه الظُّلمة، قُوّة القوى يغلب كلّ شيء لطيف، يدخل في كلّ شيء غليظ، على تكوين العالَم الأكبر تكوّن العمل، فهذا فَخْرِي ولذلك سُمّيتُ هرمس المثلَّث بالحكمة

Traduction hébraïque moderne sur la version arabe

Une traduction hébraïque contemporaine, réalisée dans un souci de fidélité philologique à l'original arabe, révèle les connexions conceptuelles avec la tradition kabbalistique :
Texte hébreu :
אֱמֶ֛ת אֵין־סָפֵ֥ק בּ֖וֹ נָכ֑וֹן הִנֵּ֤ה הָעֶלְיוֹן֙ מִן־הַתַּחְתּ֔וֹן וְהַתַּחְתּ֖וֹן מִן־הָעֶלְיֽוֹן׃ עָשָׂ֥ה נִסִּ֖ים מֵאֶחָ֑ד כְּהָי֨וֹ הַדְּבָרִ֤ים כֻּלָּם֙ מֵאֶחָ֔ד בְּסֵ֖דֶר אֶחָֽד׃ אָבִ֥יו הַשֶּׁ֖מֶשׁ אִמּ֣וֹ הַיָּרֵ֑חַ נְשָׁאָ֤הוּ הָר֙וּחַ֙ בְּבִטְנָ֔הּ הֱזִינָ֖הוּ הָאָֽרֶץ׃ אֲבִ֤י הַסְּגֻלּוֹת֙ אֹגֵ֣ר הַנִּסִּ֔ים תַּם־כֹּ֕חַ אֵ֖שׁ הָֽפְכָ֣ה לָאָ֑רֶץ הַבְדֵּ֕ל אֶת־הָאָ֖רֶץ מִן־הָאֵֽשׁ׃ הַדַּ֥ק נָדִ֖יב מֵהַגַּֽס׃ בְּרֹ֖ךְ וּבְחׇכְמָ֑ה יַעֲלֶ֤ה מִן־הָאָ֙רֶץ֙ הַשָּׁמָ֔יְמָה וְיָרַ֥ד הָאַ֖רְצָה מִן־הַשָּׁמָֽיִם׃ וּב֛וֹ כֹּ֥חַ הָעֶלְי֖וֹן וְהַתַּחְתּ֑וֹן כִּ֤י עִמּוֹ֙ א֣וֹר הָאוֹר֔וֹת לְפִיכָ֕ךְ תָּנ֥וּס מִפָּנָ֖יו הַצַּלְמָֽוֶת׃ כֹּ֣חַ הַכּוֹח֔וֹת יְנַצֵּ֖חַ עַל־כׇּל־דָּבָ֣ר דַּ֑ק יָב֖וֹא אֶל־כׇּל־דָּבָ֥ר גַּֽס׃ עַל־בְּרִיאַ֖ת הָעוֹלָ֣ם הַגָּד֑וֹל תֵּעָשֶׂ֖ה הָעֲבֹדָֽה׃ בְּזֹ֖את גַּאֲוָתִ֑י וְלָכֵ֥ן נִקְרֵ֛אתִי הֶרְמֵ֥ס הַמְּשֻׁלָּ֖שׁ בְּחׇכְמָֽה׃


Translittération en caractères latins :

Ḥaqqun lā shakka fīhi ṣaḥīḥ, inna al-a'lā min al-asfal wa-al-asfal min al-a'lā, 'amal al-'ajā'ib min wāḥid kamā kānat al-ashyā' kulluhā min wāḥid bi-tadbīr wāḥid, abūhu al-shams, ummuhu al-qamar, ḥamalat-hu al-rīḥ fī baṭnihā, ghadhat-hu al-arḍ, abū al-ṭilasmāt, khāzin al-'ajā'ib, kāmil al-quwā, nārun ṣārat arḍan, a'zil al-arḍ min al-nār, al-laṭīf akram min al-ghalīẓ, bi-rifq wa-ḥukm yaṣ'ad min al-arḍ ilā al-samā' wa-yanzil ilā al-arḍ min al-samā', wa-fīhi quwwat al-a'lā wa-al-asfal, li-anna ma'ahu nūr al-anwār fa-li-dhālik tahrubu minhu al-ẓulma, quwwat al-quwā yaghlub kull shay' laṭīf, yadkhul fī kull shay' ghalīẓ, 'alā takwīn al-'ālam al-akbar takawwan al-'amal, fa-hādhā fakhrī wa-li-dhālik summītu Hirmis al-muthallaṯ bi-al-ḥikma

Traduction directe de l'arabe basée sur le texte du Kitāb Sirr al-Khalīqa, cette traduction respecte les nuances de l'original arabe :

« Vérité sans aucun doute, authentique : voici que le supérieur procède de l'inférieur et l'inférieur du supérieur. Il accomplit des prodiges à partir de l'Un, comme toutes choses furent créées à partir de l'Un par un décret unique. Son père est le Soleil, sa mère la Lune ; le Vent l'a porté dans son ventre, la Terre l'a nourri. Père des talismans, gardien des merveilles, force parfaite, feu transformé en terre : sépare la terre du feu ! Le subtil est plus noble que l'épais. Avec douceur et sagesse, il monte de la terre vers le ciel et redescend sur terre depuis le ciel. En lui réside la force du supérieur et de l'inférieur, car avec lui se trouve la lumière des lumières ; c'est pourquoi les ténèbres fuient devant lui. Force des forces ! Il triomphe de toute chose subtile et pénètre toute chose épaisse. Selon la création du macrocosme s'accomplit l'œuvre. Voilà ma fierté, et c'est pourquoi je suis appelé Hermès le Trois-fois-Grand en sagesse. »

Version latine médiévale (Vulgate d'Hugo de Santalla)

La version latine classique, établie par Hugo de Santalla et largement diffusée au Moyen Âge, présente quelques variations par rapport à l'original arabe. Voici le texte latin canonique.

Texte latin intégral du Moyen-Âge :

    1    VERUM SINE MENDACIO, CERTUM ET VERISSIMUM:
    2    QUOD EST INFERIUS, EST SICUT QUOD EST SUPERIUS, ET QUOD EST SUPERIUS, EST SICUT QUOD EST INFERIUS, AD PERPETRANDA MIRACULA REI UNIUS.
    3    ET SICUT OMNES RES FUERUNT AB UNO, MEDIATIONE UNIUS, SIC OMNES RES NATAE FUERUNT AB HAC UNA RE, ADAPTATIONE.
    4    PATER EIUS EST SOL, MATER EIUS LUNA.
    5    PORTAVIT ILLUD VENTUS IN VENTRE SUO.
    6    NUTRIX EIUS TERRA EST, PATER OMNIS TELESMI TOTIUS MUNDI EST HIC.
    7    VIS EIUS INTEGRA EST, SI VERSA FUERIT IN TERRAM.
    8    SEPARABIS TERRAM AB IGNE, SUBTILE A SPISSO, SUAVITER, CUM MAGNO INGENIO.
    9    ASCENDIT A TERRA IN CAELUM, ITERUMQUE DESCENDIT IN TERRAM ET RECIPIT VIM SUPERIORUM ET INFERIORUM.
    10    SIC HABEBIS GLORIAM TOTIUS MUNDI.
    11    IDEO FUGIET A TE OMNIS OBSCURITAS.
    12    HAEC EST TOTIUS FORTITUDINIS FORTITUDO FORTIS; QUIA VINCET OMNEM REM SUBTILEM, OMNEMQUE SOLIDAM PENETRABIT.
    13    SIC MUNDUS CREATUS EST.
    14    HINC ERUNT ADAPTATIONES MIRABILES, QUARUM MODUS EST HIC, ITAQUE VOCATUS SUM HERMES TRISMEGISTUS, HABENS TRES PARTES PHILOSOPHIAE TOTIUS MUNDI.
    15    COMPLETUM EST QUOD DIXI DE OPERATIONE SOLIS


Traduction classique du latin médiéval

Version française de la Tabula Smaragdina latine, conservant la structure rythmée de l'original :

« Il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable : Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour accomplir les miracles de la chose unique. Et comme toutes choses ont été et sont venues d'un, par la médiation d'un, ainsi toutes choses sont nées de cette chose unique, par adaptation. Le Soleil en est le père, la Lune la mère. Le Vent l'a porté dans son ventre. La Terre est sa nourrice. Le père de tout le télesme du monde entier est ici. Sa force ou puissance est entière, si elle est convertie en terre. Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l'épais, doucement, avec grande industrie. Il monte de la terre au ciel, et derechef il descend en terre, et il reçoit la force des choses supérieures et inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire du monde entier, et pour cela toute obscurité fuira de toi. C'est la force forte de toute force, car elle vaincra toute chose subtile et pénétrera toute chose solide. Ainsi le monde a été créé. De ceci seront et sortiront d'admirables adaptations, desquelles le moyen est ici. C'est pourquoi j'ai été appelé Hermès Trismégiste, ayant les trois parties de la philosophie du monde entier. Ce que j'ai dit de l'opération du Soleil est accompli et parachevé. »


Traduction hébraïque moderne à partir de la version arabe

Une traduction hébraïque contemporaine, réalisée dans un souci de fidélité philologique à l'original arabe, révèle les connexions conceptuelles avec la tradition kabbalistique :
Texte hébreu :
אֱמֶ֛ת אֵין־סָפֵ֥ק בּ֖וֹ נָכ֑וֹן הִנֵּ֤ה הָעֶלְיוֹן֙ מִן־הַתַּחְתּ֔וֹן וְהַתַּחְתּ֖וֹן מִן־הָעֶלְיֽוֹן׃ עָשָׂ֥ה נִסִּ֖ים מֵאֶחָ֑ד כְּהָי֨וֹ הַדְּבָרִ֤ים כֻּלָּם֙ מֵאֶחָ֔ד בְּסֵ֖דֶר אֶחָֽד׃ אָבִ֥יו הַשֶּׁ֖מֶשׁ אִמּ֣וֹ הַיָּרֵ֑חַ נְשָׁאָ֤הוּ הָר֙וּחַ֙ בְּבִטְנָ֔הּ הֱזִינָ֖הוּ הָאָֽרֶץ׃ אֲבִ֤י הַסְּגֻלּוֹת֙ אֹגֵ֣ר הַנִּסִּ֔ים תַּם־כֹּ֕חַ אֵ֖שׁ הָֽפְכָ֣ה לָאָ֑רֶץ הַבְדֵּ֕ל אֶת־הָאָ֖רֶץ מִן־הָאֵֽשׁ׃ הַדַּ֥ק נָדִ֖יב מֵהַגַּֽס׃ בְּרֹ֖ךְ וּבְחׇכְמָ֑ה יַעֲלֶ֤ה מִן־הָאָ֙רֶץ֙ הַשָּׁמָ֔יְמָה וְיָרַ֥ד הָאַ֖רְצָה מִן־הַשָּׁמָֽיִם׃ וּב֛וֹ כֹּ֥חַ הָעֶלְי֖וֹן וְהַתַּחְתּ֑וֹן כִּ֤י עִמּוֹ֙ א֣וֹר הָאוֹר֔וֹת לְפִיכָ֕ךְ תָּנ֥וּס מִפָּנָ֖יו הַצַּלְמָֽוֶת׃ כֹּ֣חַ הַכּוֹח֔וֹת יְנַצֵּ֖חַ עַל־כׇּל־דָּבָ֣ר דַּ֑ק יָב֖וֹא אֶל־כׇּל־דָּבָ֥ר גַּֽס׃ עַל־בְּרִיאַ֖ת הָעוֹלָ֣ם הַגָּד֑וֹל תֵּעָשֶׂ֖ה הָעֲבֹדָֽה׃ בְּזֹ֖את גַּאֲוָתִ֑י וְלָכֵ֥ן נִקְרֵ֛אתִי הֶרְמֵ֥ס הַמְּשֻׁלָּ֖שׁ בְּחׇכְמָֽה׃


Traductions françaises des sources d'auteurs alchimistes :

I. Il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable. Ce qui est en bas est semblable à ce qui est en haut, et ce qui est en haut est semblable à ce qui est en bas afin que par l’union de ces deux natures*, soit faits les miracles d’une seule chose.
II. Et comme toutes les choses ont été, et sont venues d’un, par la médiation d’un : ainsi toutes les choses ont été nées de cette chose unique, par adaptation.
III. Son père est le Soleil, sa mère la Lune, le Vent l’a porté dans son ventre ; la Terre est sa nourrice.


IV. Le père « de tout le secret » de tout le monde est ici. Sa force ou puissance est entière, si elle est tournée vers le sol. 


V. Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais doucement, avec grande industrie/habileté. 


VI. Il monte de la terre au ciel, et redescend à terre, et il reçoit le pouvoir du supérieur et de l’inférieur. 


VII. Ainsi, tu auras la gloire du monde entier ; C’est pourquoi toute l’obscurité s’enfuira loin de toi. 


VIII. C’est la force forte de toute force ; Il va conquérir toute chose subtile, et pénétrera toute chose solide.


IX. Ainsi le monde a été créé. 


X. De là, il y aura de merveilleuses adaptations, desquelles la méthode/processus est ici.


XI. C’est pourquoi j’ai été appelé Hermès Trismégiste, ayant les trois parties de la philosophie du monde entier.


XII. Ce que j’ai dit de l’opération du Soleil est complet.


Incorporation des enseignements de la Table d'Émeraude à travers nos Cultes

La Table d'Émeraude a servi de pont conceptuel entre les trois religions abrahamiques, offrant un langage mystique commun pour exprimer des vérités spirituelles universelles. Cette fonction unificatrice explique en partie la persistance de son influence à travers les siècles et les cultures.


La tradition d'Alexandre le Grand

Selon l'une des légendes les plus persistantes, la Table d'Émeraude aurait été découverte par Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) lors de ses conquêtes en Égypte. Cette version rapporte que le conquérant macédonien aurait trouvé la tablette dans une crypte secrète située sous la Grande Pyramide de Gizeh, entre les mains momifiées d'Hermès Trismégiste lui-même. Cette légende, bien qu'historiquement invraisemblable, révèle l'association symbolique entre la sagesse hermétique et l'héritage alexandrin de synthèse culturelle.
La tradition alexandrienne présente plusieurs variantes narratives. Certaines versions situent la découverte dans la nécropole de Memphis, d'autres dans les caves du Sérapéum d'Alexandrie. Ces localisations diverses reflètent l'importance symbolique de l'Égypte comme terre de sagesse primordiale dans l'imaginaire hermétique. Cette thèse reste peu crédible.


Position dans le judaïsme

Dans le judaïsme, il résonne avec la doctrine kabbalistique des séphiroth et de l'émanation divine. Bien que la Table d'Émeraude ne constitue pas un texte canonique du judaïsme, elle a exercé une influence notable sur certains courants de la kabbale médiévale et moderne. Les kabbalistes ont identifié des parallèles conceptuels entre les enseignements hermétiques et les doctrines ésotériques juives, particulièrement concernant la correspondance entre les mondes supérieurs et inférieurs.

La légende abrahamique de Sarah

Une tradition alternative, particulièrement influente dans les milieux juifs et chrétiens médiévaux, attribue la découverte à Sarah, épouse d'Abraham. Selon cette version, Sarah aurait trouvé la tablette d'émeraude dans une grotte près d'Hébron, où était enterré Hermès Trismégiste. Cette légende établit un lien direct entre la sagesse hermétique et la tradition abrahamique, facilitant l'intégration du texte dans les systèmes théologiques monothéistes.
Le récit de Sarah présente des résonances particulières avec les traditions midrashiques concernant les trésors cachés des patriarches. Cette connexion a favorisé l'acceptation de la Table d'Émeraude dans certains cercles kabbalistiques, où elle fut interprétée comme un témoignage de la sagesse antédiluvienne transmise par les descendants de Seth.

L'alchimie juive par Marie la Juive

L'alchimie juive, développée notamment par Marie la Juive (Ier-IIIe siècle) et ses successeurs, a intégré certains éléments de la tradition hermétique, y compris des concepts dérivés de la Table d'Émeraude. Cette synthèse apparaît particulièrement dans les manuscrits alchimiques conservés dans la Genizah du Caire, où figurent des textes hébreux influencés par la littérature hermétique arabe.

  

Accueil des prophéties dans le christianisme


 La Table d'Émeraude a connu une réception partagée et ambigüe dans le christianisme médiéval. D'une part, les autorités ecclésiastiques officielles ont généralement condamné les pratiques alchimiques et hermétiques comme contraires à la doctrine chrétienne. D'autre part, de nombreux théologiens et philosophes chrétiens ont trouvé dans les enseignements hermétiques des échos de la révélation chrétienne. Dans le christianisme, il évoque la correspondance entre le royaume céleste et le royaume terrestre.

 

Magnificence du portrait d'Hermès Trismégiste Cathédrale de Sienne Italie

Sienne célèbre Hermès comme un precursor Christi, tout en affirmant la supériorité du christianisme — équilibre typique de l’époque entre humanisme et orthodoxie.
Une citation du Corpus hermétique, qui explique pourquoi on croyait qu’il avait prévu la venue du Christ. « Dieu, le créateur de toutes choses, a rendu visible Dieu-qui-est-avec-Lui et l’a rendu le premier et le seul, en qui il était ravi, et l’a beaucoup aimé, son propre fils, qui est appelé la sainte parole. » Hermes Trismegistus et la Table d'Émeraude sur le parterre de la Cathédrale de Sienne. Collection del Duomo di Siena. Source : https://www.newliturgicalmovement.org/2020/11/the-cathedral-of-siena-part-4.html

 


Albert le Grand (vers 1200-1280) et Thomas d'Aquin (1225-1274) ont tous deux étudié les textes hermétiques, y compris la Table d'Émeraude, dans le cadre de leurs synthèses entre philosophie aristotélicienne et théologie chrétienne. Leur approche critique a permis l'intégration sélective de certains concepts hermétiques dans la scolastique médiévale.

La Renaissance a marqué un tournant dans la réception chrétienne de l'hermétisme. Des humanistes comme Marsile Ficin (1433-1499) et Jean Pic de la Mirandole (1463-1494) ont promu une synthèse entre hermétisme, néoplatonisme et christianisme, considérant Hermès Trismégiste comme un prophète païen de la révélation chrétienne.

 

Universalisme hermétique dans l'islam

L'islam a montré une attitude généralement plus ouverte envers la tradition hermétique que le christianisme orthodoxe. Les savants musulmans médiévaux ont considéré Hermès Trismégiste comme un prophète antique, souvent identifié au prophète Idrīs mentionné dans le Coran. Dans l'islam, il fait écho à la doctrine des noms divins et de la théophanie universelle.

Le récit de Balīnūs Le "De secretis nature du pseudos-Apollonius de Tyane"

La version la plus ancienne et la plus détaillée de la découverte apparaît dans le Kitāb Sirr al-Khalīqa, où Balīnūs (le pseudo-Apollonius de Tyane) raconte sa propre découverte du texte. Selon ce récit, Balīnūs aurait pénétré dans une crypte souterraine sous une statue d'Hermès à Tyane, où il découvrit un vieillard assis sur un trône d'or, tenant la tablette d'émeraude entre ses mains.
Ce récit-cadre présente une structure narrative sophistiquée, intégrant des éléments de la littérature apocalyptique et des traditions de révélation cachée. L'auteur du Kitāb Sirr al-Khalīqa utilise cette fiction littéraire pour légitimer son propre traité cosmogonique, en l'enracinant dans une autorité antique prestigieuse. 

Transmission dans la culture sémite arabique

- Jābir ibn Hayyān (721-815), père de l'alchimie arabe, a intégré de nombreux concepts de la Table d'Émeraude dans son système alchimique. Ses traités influencèrent profondément le développement de l'alchimie tant en Orient qu'en Occident.

- Al-Kindī (801-873), premier philosophe de l'islam, fait explicitement référence à Hermès Trismégiste et à ses enseignements dans ses traités philosophiques. Cette légitimation par les autorités intellectuelles de l'islam facilitera la transmission et l'expansion de la tradition hermétique dans le monde musulman.

- Ibn Sīnā (Avicenne, 980-1037) et Ibn Rushd (Averroès, 1126-1198) développeront des synthèses sophistiquées entre hermétisme, aristotélisme et doctrine islamique, influençant durablement la pensée philosophique médiévale.

 

Des influences médiévales à la Renaissance  

Cette convergence conceptuelle a favorisé l'émergence de mouvements syncrétistes, particulièrement pendant la Renaissance et les Lumières, où la Table d'Émeraude fut perçue comme l'expression d'une philosophia perennis transcendant les divisions confessionnelles.

Époque médiévale

La tradition exégétique de la Table d'Émeraude débute réellement avec Hortulanus (XIVe siècle), moine cistercien dont le commentaire latin devint la référence standard pour les alchimistes médiévaux. Son interprétation alchimique systématique établit la correspondance entre les différents passages du texte et les opérations de l'art royal.


Extrait du manuscrit page 364 Chrysogonus Polydorus de l'an1541

Hermetis Trismegistus. Super tabulam smaragdinam Hermetis commentarius / Hortulanus / [hrsg. von Chrysogonus Polydorus 1541. Commentaires sur la Table d’Émeraude de l’alchimiste médiéval Hortulamus. Publication page 363-364 de l’an 1541. Source : https://www.e-rara.ch/doi/10.3931/e-rara-5596


Roger Bacon (vers 1214-1294) fut l'un des premiers scholastiques à commenter la Table d'Émeraude dans ses traités sur l'alchimie. Son approche expérimentale influença l'évolution de l'alchimie vers une proto-science empirique.


Période Renaissance 

Johannes Trithemius (1462-1516), abbé de Sponheim, développa une interprétation néoplatonicienne de la Table d'Émeraude, l'intégrant dans sa synthèse entre magie naturelle et théologie chrétienne. Son influence s'étendra à toute l'école hermétique allemande de la Renaissance.

- John Dee (1527-1608), mathématicien et conseiller d'Élisabeth Ire, créa sa Monas Hieroglyphica (1564) comme une représentation symbolique des principes de la Table d'Émeraude. Cette œuvre influença durablement l'iconographie hermétique moderne.

- Michael Maier (1568-1622) produisit une série d'emblèmes alchimiques illustrant les différents versets de la Table d'Émeraude dans son Atalanta fugiens de 1617. Ces gravures symboliques devinrent des références classiques de l'art hermétique.

- La Table d'Émeraude continua d'exercer son influence pendant l'âge classique, notamment sur les membres de la Royal Society de Londres. Outre Newton, des figures comme Robert Boyle (1627-1691) et Christopher Wren (1632-1723) s'intéressèrent aux implications philosophiques du texte hermétique.
Emmanuel Swedenborg (1688-1772) développa sa doctrine des correspondances en s'inspirant explicitement des principes hermétiques de la Table d'Émeraude. Cette influence se transmettra aux mouvements spiritualistes modernes.

- Isaac Newton (1643-1727), figure emblématique de la révolution scientifique, a consacré une attention considérable à l'étude de la Table d'Émeraude. Sa traduction anglaise, conservée dans ses manuscrits alchimiques au King's College de Cambridge, témoigne de son intérêt pour la synthèse entre science expérimentale et sagesse hermétique.

 

Manuscrit authentique d'Isaac Newton de la transcription de la Table d'Émeraude
Isaac Newton, Tabula smaragdina, Cambridge, King's College Library, Keynes MS 28/ALCH00017, fol. 2r (anglais) et 6r (latin) an 1680. Source : https://www.medievalists.net/2023/04/the-emerald-tablet-and-the-origins-of-chemistry/

 


Interprétations alchimiques et ésotériques


Correspondances cosmiques

Le principe fondamental de la Table d'Émeraude, exprimé par la formule "Quod est inferius est sicut quod est superius", établit une correspondance ontologique entre tous les niveaux de réalité. Cette doctrine implique que l'univers forme un système unifié où chaque élément reflète la structure du tout.

Cette correspondance s'articule selon plusieurs plans :

    •    Correspondance cosmologique : entre les sphères célestes et le monde sublunaire
    •    Correspondance anthropologique : entre l'homme (microcosme) et l'univers (macrocosme)
    •    Correspondance alchimique : entre les opérations de laboratoire et les transformations spirituelles
    •    Correspondance théologique : entre le divin et le créé


Symbolisme des éléments

Le texte évoque les quatre éléments traditionnels dans une perspective dynamique de transformation :

- Le Soleil et la Lune représentent les principes actif et passif, masculin et féminin, correspondant au soufre et au mercure alchimiques. Leur union génère l'Élixir ou Pierre Philosophale, objectif suprême de l'Art royal.
- Le Vent symbolise l'élément intermédiaire qui permet la communication entre les principes opposés. Il représente l'Air philosophique, véhicule de l'Esprit universel.
- La Terre figure la matérialisation finale de l'œuvre, la fixation de l'esprit dans une forme stable. Elle correspond au Sel alchimique, troisième principe qui maintient l'équilibre entre le Soufre et le Mercure.


Processus alchimique de transmutation

La Table d'Émeraude décrit un processus cyclique de solve et coagula (dissoudre et coaguler) qui caractérise toute transformation authentique :

    1    Séparation "Separabis terram ab igne, subtile a spisso" : distinction des principes opposés
    2    Purification "suaviter, cum magno ingenio" : raffinement progressif par l'art
    3    Ascension "Ascendit a terra in caelum" : sublimation vers les principes supérieurs
    4    Descente "iterumque descendit in terram" : réintégration dans la manifestation
    5    Perfection "recipit vim superiorum et inferiorum" : synthèse finale des contraires

Ce schéma s'applique aussi bien aux opérations de transmutation qu'aux processus de développement spirituel. Il constitue l'archétype de toute transformation créatrice, de l'évolution cosmique à la réalisation individuelle pour les alchimistes.

Citations

Hermès Trismégiste La Table d'Émeraude :
Distingue clairement qu'il y a deux conscience en toi.
Celle de la dense matière de ta chair et celle de ton être essentiel qui a la faculté d'être attentif à cette chair.
Voilà où se situe le centre de ton attention où tu dois installer ton vouloir ardent.
 
Hermès Trismégiste La Table d'Émeraude :
Le Sage laisse parler son cœur et garde le silence avec sa bouche.
Toi homme, écoute la voie de la sagesse, écoute la voie de la Lumière.
Les mystères qui émergent du Cosmos illuminent le monde de leur lumière.

"Le miracle de l’Un est accompli" : cette clé de la Table révèle que l’élévation est un retour à l’origine, où l’âme reconnaît sa nature divine. L’alchimie hermétique est ainsi une voie d’illumination par l’unification du soi et du cosmos.

"L’homme est un dieu mortel, et Dieu est un homme immortel." (Hermès, Corpus Hermeticum).

 

 

 

 

Articles qui peuvent vous plaire

Ajouter un commentaire

Veuillez saisir votre nom
Veuillez saisir une adresse email valide
Veuillez saisir un message

Mineraux dans la boutique