Le bouddha de jade de Wat Dhammamongkol
07 Septembre 2010 | Par Caroline | Pierres et Spiritualité
Le bouddha de jade néphrite vert de Wat Dhammamongkol, Bangkok (Thaïlande)
Publié le 7 septembre 2010 par Caroline
วัดธรรมมงคล (กรุงเทพมหานคร)
A Bangkok, en Thaïlande, peu de visiteurs connaissent le bouddha de jade de Wat Dhammamongkol, à une trentaine de minutes du centre de la ville en voiture (sur Sukhumvit Road, Soi 101). Pourtant, pour nous les passionnés de jade, ce bouddha est une merveille.
Vue générale Bouddha vert jade néphrite
L'histoire de ce bouddha commence en 1987, année durant laquelle Phra Viriyang eut une première vision et décida de faire tailler un bouddha dans l'un des matériaux les plus solides et les plus durables existant sur terre : le jade.
Phra Viriyang se rendit plusieurs fois au Canada à la recherche du jade néphrite nécessaire pour sculpter le bouddha exceptionnel dont il rêvait. Mais il ne trouva rien à sa convenance. Alors qu'il méditait en novembre 1991, Phra Viriyang eut une vision sous la forme d'un énorme bloc de jade. Il informa immédiatement l'un de ses contacts canadiens qui à son tour contacta Kirk Makepeace, Président de Jade West Resources Ltd. , le plus grand producteur de jade néphrite de Colombie-Britannique au Canada.
A la date correspondant à la vision de Phra Viriyang, un bloc massif de 32 tonnes avait été découvert approximativement à l'endroit où Phra Viriyang l'avait rêvé, soit à dix mètres de profondeur d'une rivière et à 70 kilomètres de la mine de jade la plus proche. Phra Viriyang, accompagné de son disciple Chaiyot Sombuntham, partit dans la semaine pour le Canada pour inspecter le bloc qui venait d'être découvert et le trouva parfaitement adapté à ses recherches. Le bloc, compte tenu de sa taille, dut être transporté par mer jusqu'en Thaïlande, mettant un frein à l'enthousiasme de Phra Viriyang qui voulait l'emmener immédiatement. Il fallut alors trouver des sculpteurs capables de travailler l'énorme bloc de jade. De retour à Bangkok, Phra Viriyang contacta son ami le Professeur Amnuay, membre de l'Université Silpakorn à Bangkok, afin qu'il l'assistât pour chercher un sculpteur. Son ami lui suggéra de voyager jusqu'en Italie, les chances de trouver la personne suffisamment qualifiée pour cette tâche étant plus que minimes en Thaïlande. Phra Viriyang partit alors pour l'Italie, à Carrare plus précisément (Carrare est connue mondialement pour ses sculpteurs de marbre, et le marbre qui porte son nom). Il était accompagné du Professeur Amnuay, de Madame Raana et de Monsieur Ronachai Sombuntham . Ce n'est que la veille de leur retour vers la Thaïlande - à Carrare, l'université était fermée pour les vacances et les sculpteurs qu'on leur avait recommandés étaient introuvables - que par une coïncidence heureuse, alors qu'il se promenait sur le marché avec ses collègues, Phra Viriyang rencontra un vieil ami, Monsieur Troufix, qui l'emmena voir deux sculpteurs célèbres de Carrare, Ismail Zizi et Paolo Viaggi.
Le jour suivant les deux sculpteurs étaient engagés pour façonner le futur bouddha de jade. La vue de deux farangs* en train de sculpter un gigantesque bouddha si loin de leur culture d'origine, doit avoir fait froncer quelques sourcils. Cependant, il ne faut pas oublier que l'on pense que les représentations humaines de Bouddha, datant du second siècle après Jésus-Christ., auraient été créées par des artisans d'origine gréco-romaine sous le patronage du roi Kaniska I. Quand Alexandre le Grand, incapable de supporter la chaleur, retira ses légions du nord-ouest de l'Inde, quelques-uns de ses artisans décidèrent de rester et leur influence est clairement visible dans les premières représentations de Bouddha. Les sculpteurs Zizi et Viaggi se rendirent rapidement compte que les instruments qu'ils avaient amené d'Italie pour travailler le marbre n'étaient pas suffisamment solides pour travailler le jade. Heureusement, la Fabrique Royale de Marbre Thaïlandais leur procura rapidement des outils plus adaptés, ce qui leur permit de réduire le temps de découpe du brut initial, le faisant passer de près d'un an à... trois jours. Le bouddha fut terminé en 1994, et installé, en même temps qu'une sculpture de Guanyin** - déesse de la miséricorde - sculptée dans une section restante du bloc de jade initial, dans un bâtiment spécialement aménagé à cette intention. Le bouddha de jade de Wat Dhammamongkol est l'une des merveilles de ce monde, mais, selon Phra Viriyang, "la véritable valeur de cette représentation de Bouddha est de nous rappeler les enseignements de Bouddha".
* expression puisant son origine dans les mots "franc" ou "français". En Thaïlande, farang (en thaï : ฝรั่ง), parfois prononcée falang, est une expression utilisée pour désigner les étrangers blancs
** Guanyin : la divinité Guanyin est très populaire en Asie car elle a refusé son droit d'entrée au Nirvana (Paradis) afin de venir en aide aux êtres dans le besoin, et de les guider vers l'Illumination. Lla figure de Guanyin n'a pas toujours été féminine. Au contraire, le Bodhisattva Avalokitesvara est un personnage masculin. En Chine, Guanyin a définitivement pris des traits féminins sous la dynastie Song. Beaucoup d'adeptes bouddhistes choisissent cette divinité comme Yidam, c'est à dire comme objet de méditation.
Temple indou Wat Dammanmongkol, Bangkok (Thaïlande) déesse Guanyin en jade jadéite déesse Guanyin
Merci à Caroline, gemmologue spécialiste du jade de la boutique Eurojade