RECORD BATTU POUR CETTE METEORITE FRANÇAISE
01 Novembre 2018 | Par Emmanuel Dransart | Découvertes minéraux
Par Emmanuel Dransart
Membre de la commission Météores, Météorites et Impactisme de la SAF, engagé dans la dernière campagne de recherche en qualité de scientifique et d’expert en météorite.
Une opération de prospection (organisée en plusieurs campagnes), durant cette année 2018, par Pierre Antonin et Alain Gallien a permis de découvrir un important site de chute de météorite métallique, dans le département de l’Aube.
Les découvertes et extractions des fragments issus de cet impact ont eu lieu entre fin mars et début octobre.
Les prospections au moyen d’un détecteur expérimental ont permis d’identifier une ellipse de chute avec 123 points d’impact pour une masse totale sortie de terre d’au moins 6 tonnes.
L’extension de l’ellipse ne représente pas moins de 1100 m de long sur près de 900 m de large.
L’apothéose de la découverte a eu lieu le mercredi 03 octobre.
Un monstre de 477 kg a pu être retrouvé ; il attendait son extraction par Pierre, depuis un petit moment ; 55 000 ans d’après les toutes premières datations réalisées et publiées en 2015 par le CEREGE d’Aix-Marseille.
L’équipe l’a identifié comme étant la masse principale de cette ellipse. Cet heureux évènement a été fêté comme il se doit, au champagne avec Pierre, Alain, Emmanuel, Brian et les heureux propriétaires du terrain concerné.
Les expertises métallographiques et chimiques réalisées par mes soins démontrent qu’il s’agit de la suite de la météorite dite de Saint Aubin dont le tout premier fragment avait été découvert en 1968.
Il s’agit d’une octaédrite avec de belles figures de Widmanstätten si typique de ces météorites ferreuses. Les analyses par fluorescence X donnent près de 11 % de nickel avec un peu de cobalt (0,7 %) et du phosphore (0,1 %).
J’avais commencé à étudier pour la première fois cette météorite en 2002 dans le cadre de ma société EMTT et l’avais faite homologuer comme la troisième plus grosse météorite française pour une masse totale connue de 525 kg. Trois articles avaient été consacrés dans le magazine l’Astronomie.
Compte tenu de ces nouvelles découvertes (plus d’autres retrouvées par des propriétaires), nous arrivons en final à une masse plus qu’honorable évoluant vers les 7 tonnes.
Nous pouvons donc affirmer qu’il s’agit à l’heure d’aujourd’hui, de la plus grosse météorite française battant le précédent record tenu par la météorite de Mont Dieu (1,1 tonne référencée pour une masse principale de 435 kg).
Les principaux travaux de découverte, la mise en forme de la carte de l’ellipse de chute et les premières études de laboratoire seront publiés en co-auteurs par l’équipe d’investigation, en avant-première, en lien avec la commission météorite de la SAF, dans l’une des éditions de l’Astronomie, courant de l’année prochaine.
En final, l’équipe s’est retrouvée constituée par 4 passionnés avec des savoir-faire complémentaires mais aussi des savoir-être indispensables dans la réussite d’une telle opération.
Pierre Antonin : l’inventeur-concepteur du système de détection qui a permis cette incroyable découverte, chef d’orchestre de la conduite des prospections et des extractions.
Alain Gallien : pour la logistique, le relationnel avec les propriétaires, l’aide à la prospection et le travail de référencement sur le terrain. Un travail de préparation aux recherches avec Pierre Antonin avait aussi été mené en amont.
Brian Barret : pour les prises de vue aérienne au drone, photos, vidéo, montage de film.
Emmanuel Dransart : pour les études de terrain, les expertises métallurgiques et minéralogiques au laboratoire.
Il y avait aussi notre confrère André Carpentier qui a participé aux premières campagnes et apporté son aide en termes de moyen de transport et de recherche de terrain.
Nous signalons aussi que la totalité des découvertes ont été effectuées dans le cadre d’une action privée, sur fond financier propre et sur des terrains appartenant à des propriétaires privés sans qui cette opération n’aurait pas pu se faire ; on les remercie très vivement.
Compte tenu de l’importance de la découverte, un don significatif de la part des découvreurs et des propriétaires est prévu pour la collection du Muséum national d’histoire naturelle ; Muséum avec lequel nous sommes en relation et qui possède la plus importante collection de météorites en France.