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Madagascar : la terre des mille et une pierres précieuses

29 Septembre 2011 | Par Stéphane PICQ - Mister Stone | Le marché des pierres précieuses

Madagascar : la terre des mille et une pierres précieuses

Publié le par Stéphane PICQ - Mister Stone

Madagascar : la terre des mille et une pierres précieuses

     
Economie
Mercredi, 07 Septembre 2014 05:31


Avec la quasi totalité des types de pierres précieuses connues présentes sur son sol, Madagascar est d’une richesse gemmologique inouïe. Mais cette ressource souffre des difficultés d’extraction qui empêchent l’exploitation industrielle et du caractère encore très informel de la filière commerciale.

 Pierres précieuses en lot

L’appellation « pierre précieuse » est donnée à certaines gemmes transparentes et rares qui proviennent de minéraux translucides trouvés dans la roche. Sous leur forme pure, ces minéraux sont incolores. Ce sont les métaux et autres impuretés qu’ils contiennent qui leur donnent une couleur.


Quatre gemmes sont considérées comme précieuses :
le diamant est généralement blanc, mais on trouve aussi des diamants noirs (habituellement utilisé en industrie) ou jaunes, bleus… (plus rares) ;
l’émeraude, variété de béryl vert, comporte souvent des défauts et impuretés ce qui la rend la plus fragile des pierres précieuses ;
le saphir, variété de corindon, est généralement bleu, mais peut aussi être incolore (leucosaphir) ou de toute autre couleur que le rouge ;
le rubis, variété de corindon, est rouge.

D’autres sont considérées comme pierres fines : aigue-marine, citrine, péridot, améthyste, etc.. Ces pierres étaient appelées semi-précieuses mais ce terme est aujourd’hui interdit en France et dans d’autres pays.
Il existe une troisième catégorie de pierres dites décoratives comme la cornaline, la turquoise, la malachite, l’azurite, le lapis-lazuli.

 On trouve les pierres précieuses principalement dans deux types d’environnements nommés gisements primaires et gisements secondaires.
On nomme gisements primaires les endroits où les pierres se sont formées. On trouve des gisements primaires en Birmanie, en Afghanistan, au Pakistan et en Iran, ainsi qu’au Sri Lanka, à Madagascar, au Brésil, en Afrique du sud et au Canada.
On nomme gisements secondaires les endroits où les pierres précieuses et semi précieuses sont trouvées dans un lieu qui n’est pas à l’origine de leur formation, mais la conséquence d’éluvions, colluvions et autre éboulis. Emportés par les courants des réseaux hydrographiques, ils finissent par rester concentrés, piégés dans des cuvettes ; la mise en place de drainages pour exploiter ce type de gisements donne lieu à des chantiers gigantesques dans certain pays (Sri Lanka).
 

Les pierres précieuses à Madagascar

On trouve quasiment toutes les pierres précieuses à Madagascar. Il est plus simple de citer celles qui n’ont pas encore été trouvées qu’énumérer la longue liste de celles dont la présence est avérée.
Les pierres qui n’ont pas été trouvées sont : le Lapis-lazuli, la turquoise, le jade et l’œil de tigre.
D’après les données de la Banque mondiale 15% de la production mondiale de saphir vient de Madagascar et ce taux se situe à 10% pour la production de rubis.

Un des gisements les plus célèbre, Ilakaka, dans la Région Ihorombe dans la Province de Fianarantsoa, est à ce jour le plus grand gisement en corindons à ciel ouvert au monde. Cette petite bourgade paysanne, depuis la découverte du gisement en 1998 s’est transformée en une ville champignon digne du far-west.

De nouveaux gisements à fortes potentialités ont encore été découverts dernièrement selon le chef de département de Géologie de la Faculté des Sciences de l’Université d’Antananarivo, Ralison Bruno qui intervenait lors de l’atelier régional de travail sur les «Gemmes : leur géologie et gemmologie» qui s’est tenu à Antananarivo du 18 au 23 juillet.

l’existence de diamant et d’émeraude à Madagascar a par ailleurs été confirmée et une récente recherche en laboratoire aux Etats-Unis a confirmé la très haute qualité du diamant trouvé dans des sites à Tuléar, au sud de la grande île.
 

Dans le Nord de Madagascar

La région Nord de Madagascar est très riche, on y trouve notamment d’importants gisements de saphir, mais aussi le seul gisement de grenat démantoïde connu à Madagascar (Antetezambato sur la côte ouest, près de Nosy Faly, dans la Région Diana) qui fait partie des rares gisements dans le monde avec notamment celui de l’Oural en Russie et de celui de Namibie.

Les deux principaux gisements de saphir de la région sont :
- Jangoa : nouvelle mine de saphir découverte depuis 4 à 5 mois environ au sud d’Ambanja (saphirs bleus voire bleu sombre). 10 à 15 000 personnes se sont récemment installées autour de ce gisement, venant d’autres carrières où les conditions d’extraction sont plus difficiles.
- Ambondromifehy : ce gisement tend à être abandonné, les zones facilement exploitable étant épuisées.

On trouve aussi des aigues marines (pierres taillables : non laiteuses en quantité très minoritaire et qui se vendent plus cher) à proximité d’Andapa dans la région de Vohémar ; des améthystes : dans la chaîne montagneuse à l’est entre Ambilobe et Ambanja ; des apatites (Vohémar, Ambilobe) ; etc..


L’attrait de l’or

On assiste cependant actuellement à un délaissement de l’extraction des pierres au profit de celui de l’or
La flambée du cours de l’or rend cette matière très attirante, mais c’est surtout la facilité pour les mineurs d’en connaître le cours international qui en rend l’extraction séduisante : la revente de l’or est en effet beaucoup moins aléatoire que celles des pierres dont le prix varie énormément en fonction d’un très grand nombre de facteurs : taille, couleur, pureté, rareté, etc..
 

Intérêt touristique
Cette activité est peu connue des résidents, visiteurs et habitants du nord. Des visites et arrêts sont déjà programmés par les opérateurs touristiques mais des voyages thématiques dits « gemmologiques » pourraient être développés en organisant des visites de gisements pour découvrir la culture et le mode de fonctionnement très spécifique de ces zones multiethniques ; des visites des places de négoce et de travail des pierres, des marchés aux pierres précieuses et fines, etc..
Il faudrait pour répondre à cette demande former des guides gemmologue accompagnateur.

Un touriste est autorisé à emporter avec lui 18 pierres précieuses taillées non montées


Le marché des pierres précieuses

Le saphir se négocie à 2 millions d’ariary environ par gramme pour des grosses pièces, mais ce prix varie considérablement en fonction de la qualité et de la quantité achetée.
Les pierres sont vendues par les mineurs à des petits collecteurs qui sont généralement présents sur le lieu d’extraction. Ceux ci les revendent à des « gros collecteurs », généralement des malgaches, qui les revendent à leur tour soit vers la filière locale des lapidaires qui les tailleront avant de les vendre aux bijoutiers, soit vers des collecteurs étrangers qui les exporteront.
Les Thaïlandais et Sri Lankais sont les plus importants acheteurs de pierre brutes, mais on trouve aussi des français, italiens, américains…
De plus en plus de chinois sont également présents sur ce marché en raison de l’augmentation de leur pouvoir d’achat.
Une grande partie des pierres exportées transite ensuite par Bangkok qui est la capitale mondiale du négoce du saphir (pierres de couleur).
Dans le circuit « local », les pierres sont généralement transformées à Diego avant d’être montées en bijoux à Tananarive.
On recense de très bons lapidaires dans la région de Diego Suarez. Ceux ci ont en effet accumulé une très grande connaissance des pierres extraites dans la région et acquis une grande expérience dans leur mise en valeur. Mais ils ne disposent que rarement du matériel nécessaire pour monter ces pierres et ce sont donc des familles de bijoutiers de Tana qui s’en chargent, empochant l’importante plus-value générée par cette valorisation.
 

Une économie considérable mais à 80% informelle

Cette filière ne génère que très peu de rentrées directes pour l’État malgache qui en théorie doit toucher une ristourne de 2% sur tous les achats effectués et de l’impôt sur le revenu sur les bénéfices de la revente.

Si localement, toute une économie se met en place autour des gisements (forgerons pour les outils, gargotes, bar, loueurs de moto pompes, cabarets, massage, recharge téléphone, etc..), la formalisation de la filière est très difficile. En théorie, chaque mineur doit tenir un registre d’extraction et doit délivrer un certificat pour accompagner chaque pierre extraite. Ces pierres doivent ensuite faire l’objet de la délivrance d’un nouveau certificat à chaque fois qu’elles sont revendues et encore un autre pour pouvoir être exportées. En réalité, ces procédures ne sont pratiquement jamais respectées pour plusieurs raisons. L’analphabétisme en constitue une importante. Mais l’absence de contrôle due principalement à la difficulté qu’il y a à les mettre en place en constitue une autre et non des moindres.
Une partie des exportations se fait de façon informelle par le biais d’internet et de sites comme E-Bay ou Facebook.

On estime à 200 milliards d’ariary ou 1 000 milliards de Fmg par an le chiffre d’affaire de cette économie informelle. Ce montant représente l’équivalent des dépenses mensuelles de l’État Malgache. Or, la redevance minière n’a même pas dépassé les 125 000 dollars ou 250 millions d’ariary en 2007. Ce qui représente moins de 2% de la valeur annuelle des exportations de saphirs et de rubis.
Depuis le mois de février 2008, sous le régime de l’ancien président Marc Ravalomanana, l’exportation des produits miniers a été suspendue en raison de la propagation des commerces illicites dans le secteur.
En juillet 2009, le ministère de mines de la transition malgache a ré autorisé l’exportation des pierres précieuses à l’état brut et au format taillé afin de relancer et de promouvoir le domaine lapidaire dans le pays, mais sans trouver de réelle solution pour la structuration du secteur.

 

D’étranges pierres bleues

Du temps de la colonie, un réseau de postes optiques assurait les communications entre les différents villes du pays. Ces postes isolés étaient occupés en permanence par des opérateurs qui avaient interdiction de boire de l’alcool pendant leur service.
 En compensation, l’administration des colonie leur fournissait en grande quantité des bouteilles d’Eau de Seltz, le soda de l’époque dans les superbes flacons en verre bleu utilisés à l’époque. Ces flacons une fois consommés étaient abandonnés aux abords des postes. Les débris se sont érodés au fil du temps et ont été enfouis par les intempéries.

Il arrive que des chercheurs en découvrent après avoir creusé et ils sont alors persuadés d’avoir trouvé de magnifiques pierres bleues.
Et ils ne sont généralement pas contents du tout quand les collecteurs ruinent leurs illusions...

Photos : Stéphane PICQ - Mister Stone
Pierres précieuses & semi précieuses de Madagascar - Bijoux originaux -

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